Affaire Constant Mutamba : « Insuffisances du dossier » Des voix s’élèvent à la Présidence de la République !

Kinshasa, 22 août 2025.
Alors que le verdict dans l’affaire Constant Mutamba est attendu le 27 août, un malaise grandissant traverse l’opinion congolaise. L’ancien ministre de la Justice, connu pour son engagement en faveur d’une réforme profonde du système judiciaire, se retrouve accusé de détournement de fonds. Mais audience après audience, le sentiment qui domine est celui d’une procédure précipitée à la suite levée d’immunité inconstitutionnelle à main levée, nourrie par la vindicte plus que par des preuves. Ce procès, loin d’être un simple épisode judiciaire, met en jeu la crédibilité de l’État de droit en République démocratique du Congo.

Un dossier d’accusation qui peine à convaincre

Au cœur du réquisitoire, une accusation de tentative de détournement de 19 millions de dollars du Fonds de réparations pour les victimes des violences sexuelles (FRIVAO). L’affaire porte sur un marché passé de gré à gré pour construire une prison, projet présenté comme une urgence pour soulager des établissements pénitentiaires surpeuplés. Pourtant, les fondations de l’accusation apparaissent étonnamment fragiles, aucun mouvement de fond n’a été effectué en faveur du ministre ; le projet avait été soumis à l’examen du Conseil des ministres, preuve d’une démarche transparente, et les témoins appelés n’ont jamais directement incriminé Mutamba, laissant un vide probatoire manifeste.

Selon un éminent juriste membre de la Cour de cassation « Le procureur n’a pas convaincu la Cour, il a prêté des intentions à Mutamba mais n’a relevé aucune faute réellement pénale. Apparemment ce procès n’aurait pas eu lieu si la Primature avait donné suite dans les délais»

Un réformateur ciblé par un système

Mutamba est une jeune étoile montante du paysage politique. À la tête du ministère de la Justice, il a initié l’audacieux chantier des États généraux de la justice en 2024, posant un diagnostic critique du système judiciaire congolais, proposant des réformes structurelles, et des projets de modernisation de l’appareil pénitentiaire. Ces initiatives avaient pour ambition de rompre avec une justice perçue comme archaïque et perméable aux pressions.

Mais ces mêmes réformes ont aussi bousculé des intérêts. « C’est un homme qui a voulu forcer un système à se réformer, et le système le lui rend », estime anonymement un diplomate africain en poste à Kinshasa. Les partisans de Mutamba parlent sans détour d’un « lynchage judiciaire », d’une volonté d’éteindre la voix d’un ministre trop indépendant et trop dérangeant pour les habitudes établies.

La société civile et les voix internes à la présidence

Dans les réseaux sociaux le soutien à Constant Mutamba est unanime, les appels à l’acquittement se multiplient face aux insuffisances d’un dossier sans preuves. Si l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO) et l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) ainsi que d’autres organisations de défense des droits humains ont vivement dénoncé les failles du dossier et les entorses aux principes d’un procès équitable, des signaux viennent aussi de l’intérieur du pouvoir.

Selon des sources proches de la Présidence, certaines voix, conscientes de l’impact politique d’une condamnation injustifiée, plaident en privé pour que la Cour de cassation statue en droit, en tenant compte de la faiblesse des charges. « L’image du pays est en jeu », confie un conseiller sous couvert d’anonymat. « Le Président Tshisekedi est garant des institutions ; il sait qu’un verdict injuste fragiliserait encore davantage la confiance des citoyens dans leur justice. »

Les réseaux sociaux s’en font l’écho, amplifiant l’idée que ce procès dépasse le cadre d’une affaire individuelle. Pour beaucoup, condamner Mutamba équivaudrait à envoyer une menace anticipée à toute personne qui tenterait de réformer un système judiciaire malade et réfractaire aux réformes.

Plus qu’un procès, un test pour l’État de droit

L’issue de ce procès sera scrutée bien au-delà des murs de la Cour de cassation. Les chancelleries étrangères, les ONG, les observateurs régionaux y verront un indicateur : la justice congolaise est-elle capable de se soustraire aux jeux politiques, ou restera-t-elle un outil de règlement de comptes ?

Au fond, c’est la justice congolaise qui se retrouve sur le banc des accusés. Une condamnation sur la base d’un dossier aussi peu étayé confirmerait l’image d’une institution malade, plus prompte à punir un réformateur qu’à sanctionner les vrais prédateurs. Le 27 août, le pays n’attend pas seulement le sort d’un homme, mais un signal : celui d’une justice capable de dire le droit, et seulement le droit.

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ELUNGU KOBEYA

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